Prix du carburant : « Une “fiscalité élastique” contribuerait à lutter contre l’inflation et les phases de ralentissements économiques »
Tribune publiée dans Le Monde
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« Notre avenir énergétique et écologique passe par le nucléaire », a affirmé Emmanuel Macron lors d’un discours devant les forges de Framatome. L’objectif de la France est de décarboner entièrement son mix électrique d’ici à 2050 : c’est la feuille de route fixée par la stratégie nationale bas carbone. Cet objectif sera-t-il atteint avec des nouveaux réacteurs nucléaires ou des énergies renouvelables ?
Rien n’est officiel pour l’instant, mais le récent discours du président de la République fournit une indication claire. Le gouvernement a d’ailleurs demandé à EDF d’étudier la faisabilité de six nouveaux réacteurs EPR. Pourtant, le nucléaire est-il si nécessaire ? Plusieurs faisceaux d’indices suggèrent que la réponse n’est pas si tranchée.
Tout d’abord, le nucléaire ne sera plus cette énergie peu chère que nous avons connue. Ainsi, le tarif négocié pour l’EPR en construction en Angleterre est de plus de 100 euros (92 livres sterling) par mégawattheures (MWh), soit plus que le double du prix auquel se négocie actuellement l’électricité en Europe. Les nouveaux réacteurs ont des conceptions plus complexes et sont soumis à des normes de sécurité plus contraignantes, qui conduisent à une augmentation du coût de cette technologie.
A l’inverse, les énergies renouvelables ont connu des progrès marqués, bien plus rapides qu’anticipé par les experts : selon la banque d’investissement Lazard, les coûts moyens du solaire photovoltaïque ont été divisés par 10 depuis 2009, ceux de l’éolien par 3,5. Cette « révolution silencieuse » bouscule les rapports de force face au nucléaire.
D’ailleurs, le débat s’est aujourd’hui déplacé : l’avantage du nucléaire mis en avant n’est plus son coût, mais son caractère « non intermittent ». En effet, les nouvelles énergies renouvelables, solaire et éolien, dépendent des aléas météorologiques. Comment garantir à tous un approvisionnement stable en électricité dans ces conditions ? Pour certains, un mix 100 % renouvelable ne serait pas faisable, ou alors excessivement coûteux. Ou pire même : il pourrait conduire à augmenter les émissions de CO2, puisqu’il faudrait compenser les baisses de vent ou de soleil par des centrales au gaz ou au charbon.
Pourtant, deux récentes études publiées dans les principales revues internationales en économie de l’énergie semblent confirmer que le nucléaire pourrait ne jouer qu’un rôle de second plan dans le futur mix électrique.[…]
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Les signataires : Quentin Perrier, chercheur en économie sur la transition bas carbone (ex-Cired), Philippe Quirion, directeur de recherche au CNRS, chercheur en économie de l’énergie au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired), et Behrang Shirizadeh, chercheur en économie de l’énergie au Cired.
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